Peinture sensible

Un appartement familial, chaleureux et accueillant. Aux murs, des tableaux. De toutes les tailles. De tous les styles. Mais
révélant en y regardant de plus près, de réelles ressemblances …

Bienvenus chez Louise Barbu. On est ici chez elle ; ou presque …, présente Théophile Barbu, 64 ans, son fils. On découvre ici, au fil de la visite, l’évolution de la peinture de ma mère. D’abord, ses premières œuvres témoignant de sa recherche. Puis l’affirmation de son univers. L’élaboration savante de l’architecture de ses paysages, les provocations sereines des formes organiques, son application sur le travail des couleurs, des nuances, de la lumière …

En pénétrant dans le grand salon, où sont installés les chevalets et les pinceaux, Théophile esquisse le portrait de Louise.

 Notre mère est née en 1931 et est décédée en 2021. Elle a vécu à Orly, à Thiais, Paris et Bagnoles de l’Orne. Elle a épousé un scientifique, notre père. Un homme rationnel. Puis, elle a eu 4 enfants, présente Théophile, avant de poursuivre. Maman active et femme curieuse de tout, Louise s’est découvert une passion : la peinture. Elle était autodidacte et peignait dans notre salon. Elle a d’abord créé des œuvres avec des fragments végétaux ramassés lors de nos balades, puis des trompe-l’oeil de feuilles, des fragments de végétaux de plus en plus fantastiques. Et enfin des toiles plus complexes, atmosphériques. Nous avons donc vécu et grandi au milieu de ses œuvres, des arts, dans une ambiance joyeuse, quoiqu’un peu dadaïste et surréaliste !

Atelier fidèle et univers sublimé Louise Barbu avait élu domicile à Bagnoles depuis les années 1990. Sa mère venait ici en cure. Elle était ainsi tombée sous le charme de la station, de la forêt et des arbres qui la peuplent. Elle avait aussi installé son atelier au second étage d’une résidence lui offrant une belle lumière.
A sa disparition, ses enfants héritent de ses œuvres accompagnées d’une documentation artistique très importante. Rapidement, un dessein les inspire.

« Nous sommes devenus les héritiers d’une production originale, d’une fantaisie et d’une joie qui nous portent encore aujourd’hui. Nous avons alors décidé de partager tout cela avec d’autres personnes, tout en rendant hommage à l’extraordinaire trajectoire artistique de notre mère. »

C’est cet appartement-atelier que Théophile, ses frères et sa sœur ont souhaité reconstituer pour mettre en scène la vie et les peintures de Louise Barbu.

Nous avons baptisé ce lieu : « Instants d’imaginaire ». Parce que c’est le titre d’une de ses œuvres et parce que c’est un lieu à la fois fidèle et sublimé de son univers.

Aménagé en janvier 2022, il est possible de le visiter « Nous accueillons des groupes de cinq ou six personnes, curieuses de l’œuvre de l’artiste et de la vie de notre mère. Une visite nourrie par les échanges et en toute intimité. »
Gardien de la mémoire de leur mère et guide de sa peinture, Théophile confie ressentir « vivre cette œuvre avec le regard des visiteurs. En écoutant leurs observations, leurs sensations, je voyage à chaque fois différemment dans des toiles que je pensais connaître. »
Au printemps 2024, l’œuvre de Louise Barbu a été exposée à Bagnoles, au Centre d’Animation.
Son fils y est intervenu « pour partager son histoire et sa peinture. Je livre des clés de compréhension pour que chacun puisse ensuite faire son propre chemin à travers cette œuvre tonique, joyeuse et énigmatique. »